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La danse des lettres

"Uko Zivuzwa ni ko Zibyinwa"                        "Les danseurs doivent suivre le rythme du tambourineur"

 

 

 

Dyana Biasio

  

 

 

 

 

 

 

 

 

Souvenir inoubliable

                                     

Nos vieux n'étaient pas plus bêtes que les autres ! Quand j'étais encore enfant, moi aussi j'ai transmis quelque chose dont je suis fière. Encore aujourd'hui, j'y pense avec beaucoup d'émotion. Un ami de mon père qui avait en ce moment-là une cinquantaine d'années m'a demandé de lui apprendre à lire et écrire. J'étais en cinquième primaire. J'ai accepté. Il venait chez nous deux fois par semaine pendant une heure. Eh bien deux ans après, il a organisé une fête pour me remercier. Ce jour-là, il a lu un passage de la bible devant toute la communauté du village, ébahie. C'était le seul bouquin qu'on pouvait trouver facilement. Comme cadeau de remerciement il m'a donné un savon de marque Lux de 125 grammes ! J'avais réussi mon examen national, ou plutôt le quota m'avait tirée au sort parmi ceux qui avaient l'autorisation à la culture et je me préparais pour partir à l'internat. Il s'était renseigné auprès de mes parents pour savoir ce qui me ferait plaisir. Personne ne peut imaginer à quel point j'étais fière d'exhiber mon petit savon parfumé quand nous allions prendre la douche alors  que beaucoup de mes compagnes employaient le même savon pour se laver que celui utilisé pour le linge ! Et le jour de la rentrée scolaire, il a voulu m'accompagner pour transporter ma valise. L'école était à vingt cinq kilomètres et les moyens de transport inexistants. Pourtant nous étions d'ethnies différentes!

Les Rwandais nés avant l'indépendance constituent le dernier dépôt d'histoire de notre pays, héritée oralement des plus âgés. Celui qui est né au nord a un vécu différent de celui du centre, du sud, de l'est ou de l'ouest. Souvent, ce sont des histoires dramatiques, mais racontons ce que nous avons vu ou vécu, de bons ou de mauvais, nos petits-enfants sauront en faire le tri. Quand il est impossible de construire la maison sur une nouvelle parcelle on la fait sur l'emplacement de l'ancienne, utilisant ce qui lui  reste de récupérable, ensevelissant le reste sous les fondations de la nouvelle. Cela ne l'empêchera  pas d'être plus belle!

Prenez votre stylo ce n'est pas nécessaire d'être historien bardé de diplômes…

Née en 1951 au Rwanda, j’ai fui mon pays et changé de nationalité à l’âge de 20 ans par mon mariage. Depuis lors, je vis en dehors de mon pays. Lors de l’unique voyage que j’ai effectué au Rwanda après le génocide en 1997, j’ai été malade en entendant les récits des rescapés. Je pleurais tellement que ma mère qui vit encore la-bas m’a conseillé de repartir.

C’est d’abord par « devoir » que j’ai décidé d’écrire ce livre « Bambara, au rythme du tambour » pour faire connaître l’histoire du peuple de mes aïeux, mais aussi dans un but thérapeutique et donc plus personnel afin d’exorciser tous ces vieux « démons » et évacuer cet afflux émotionnel qui m’étouffait.

Aujourd’hui, je me sens très bien, libérée et j’envisage même un prochain voyage au Rwanda et la possibilité de persévérer dans l’écriture…